GRUISSAN d'AUTREFOIS
Vers le milieu du XVIIIe siècle, des pêcheurs de Gruissan, trouvèrent au bord de la mer, parmi les épaves d’un navire naufragé,
« une figure de proue » en bois, finement sculptée et peinte de diverses couleurs. C’était à n’en pas douter, un buste de Saint-Pierre.
On reconnut dans ce buste sa belle tête barbue de pêcheur galiléen, son front têtu et ridé, ses lèvres saillantes, ses grands yeux bleus au regard fixe, enfin sa main gauche tenant deux grosses clés du paradis. Recueilli par l’église paroissiale, il devint aussitôt l’objet d’une vénération particulière : le « patron des pêcheurs » découvert par des pêcheurs. Il est probable que sa découverte soit à l’origine de la Fête des Pêcheurs à Gruissan. En 1793, une décision du Conseil Général du Département ordonna la disparition de toute trace de fanatisme et envoya des démolisseurs dans notre église. C’était sans compter sur le caractère bien trempé des Grussanotes qui s’opposèrent aux vandales. et mirent le buste à l’abri dans la Prud’homie. Ce tribunal décida de garder le buste, il y resta, il y est encore et n’en sort que le 29 juin.












Prud’homie de Gruissan
De la limite de la commune de Gruissan incluse
(ouverture Nord du Grau de l’Ayrolle)
à celle des départements de l’Aude et de l’Hérault
(embouchure de l’Aude rive droite). Les étangs de
l’Ayrolle, de Gruissan et du Grazel inclus
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1er Prud’homme : M. Iro GAUMER
2ème Prud’homme : M. Jean-Baptiste GAUBERT
3ème Prud’homme : M. Antoine JEUDY
4ème Prud’homme : M. Grégory ANGULO
Secrétaire : M. Robert GARCIA
D’origine médiévale, les prud’homies de patrons pêcheurs ont été le relais obligé et reconnu par l’état pour une gestion décentralisée de la pêche méditerranéenne jusque vers 1960, période où les pouvoirs publics ont voulu industrialiser ce secteur. Désavouées par leur autorité de tutelle, les prud’homies ont alors été supplantées dans leur rôle de représentation professionnelle sans pour autant être supprimées. La politique nationale productiviste a été renforcée lors de la mise en place de la Politique Commune des Pêches (politique européenne) à la fin des années 80.
Dans le même temps, alors que la pression sur le littoral s’accentuait avec la création de zones spécialisées pour des fonctions industrielles (complexe pétrochimique de Fos-Berre), touristiques (création des sites balnéaires du Languedoc-Roussillon) ou résidentielles (développement économique de la Côte d’azur), le poids croissant des lobbies environnementalistes a conduit à des mesures généralistes inappropriées pour une petite pêche polyvalente.
Depuis une quinzaine d’années, la contribution de cette pêche artisanale au développement régional, et notamment à la spécialisation touristique et résidentielle du littoral, semble mieux entendu, et les Prud’hommes sont souvent sollicités et soutenus par les collectivités locales et les acteurs de terrain, à propos de la gestion maritime ou littorale.
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Ainsi, l’histoire récente des prud’homies ne peut s’analyser qu’au travers des modes successifs de gestion des pêches mis en œuvre par les pouvoirs publics. Jouant un rôle central dans le cadre d’une gestion décentralisée,
elles entrent en résistance avec la mise en place d’une gestion productiviste. En participant positivement à la spécialisation régionale,
elles concrétisent une nouvelle façon de gérer le secteur au sein d’une Europe des Régions qui n’est pas encore effective.